- Aha, nous aurons tôt fait de tirer la barbe à ces vilains Russlaves, s'ils osent s'aventurer ici.
Non non, Votre Grâce, ni Vous ni la Kurlande n'ont à craindre de ces barbares en haillons,
tant que la Couronne swèdoise, avec ses mousquets et ses navires, vous protège !
Et les commensaux d'approuver bruyamment. En cette nuit glaciale,
le gouverneur-général a organisé un grand banquet, afin de fêter la mort d'Ivan V.
On y trouve pêle-mêle, le vieux Duc de Kurlande, un concentré d'aristocrates aux lippes tombantes et aux faces enfardées, des officiers swèdois, taciturnes et violents.
- Ce sont des idolâtres, voilà la vérité ! Des païens de la pire espèce, qui vouent un culte à quelques bouts d'os poussiéreux !
C'est le Duc de Kurlande qui a parlé, de sa voix chevrotante et indignée.
Un accent palonien se fait maintenant entendre; c'est celui de l'ambassadeur de Palonie à la Cour de Sankt-Jorasberg:
- Je lève mon verre aux Etats civilisés, et à leur alliance contre la barbarie asiate ! A Murasibirsk !
Et tous les convives, fin saouls, de reprendre férocement:
- A MURASIBIRSK !
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